Lors de la rencontre « A la frontière de la
Recherche et du Management », organisée par le groupe Trait d’Union, le 22
mars à Paris, les points-clés suivant ont été dégagés du débat :
Pour
leur réussite économique, particulièrement à l’international et pour leur
rayonnement, la France et l’Europe ont besoin qu’une partie de leurs chercheurs
deviennent, à un moment donné de leur vie professionnelle, des managers,
dirigeants ou entrepreneurs, en exerçant ces responsabilités notamment dans des
organisations où la légitimité managériale n’est pas liée aux compétences
scientifiques ou techniques. En effet, quel que soit le domaine d’activité, la
présence à des postes clés de personnes formées par la recherche favorise
l’innovation et alimente la réussite économique.
Pour
répondre à ce besoin, il est nécessaire de créer des passerelles spécifiques des métiers de la
recherche vers les métiers du management en parallèle à d’autres voies d’évolution
(expertise, scientifique …) pour permettre aux chercheurs de
développer notamment :
- Leur culture en matière d’économie
et de gestion ;
- Leurs compétences sur le plan
pratique comme sur le plan théorique de management des Hommes et des
Equipes ;
- Leur capacité de prise de décision.
Il
a aussi été souligné que, dans la recherche publique et privée, ces compétences seront aussi de plus en plus
nécessaires pour les responsables d’équipes de R&D, puisqu’une une réussite
de haut niveau demande une capacité à manager des équipes pluridisciplinaires,
internationales, multi partenariales (notamment partenariats public-privé et
partenariats scientifiques-usagers) avec une obligation de transparence
vis-à-vis de « financeurs » exigeants tant sur le plan financier que
sur le plan de l’avancement des projets.
Ces
évolutions engagées sont encore aujourd’hui freinées par une image du chercheur
« déconnecté » des enjeux de société. Cette image est notamment
entretenue par le clivage université/entreprise et par les doutes dans
l’opinion publique quant à la possibilité de traduire les avancées de la
science en progrès concrets pour le plus grand nombre. Elle ne favorise pas la
mobilisation, au service de la société, de ces ressources de valeur que sont
les chercheurs dans un monde où l’innovation est reconnue comme un élément
majeur de création de richesse.
Le
débat a ainsi mis en évidence :
- Un certain nombre de «
caractéristiques culturelles » et de compétences que l’on peut
rencontrer chez les chercheurs
et qui constituent soit des
atouts soit des handicaps dans
cette transition des métiers de la recherche vers les métiers du
management ;
- La très grande diversité des hommes
et des femmes qui se reconnaissent dans cette identité de chercheur, diversité liée aux profils personnels, à
la thématique de recherche, aux autres formations et expériences
professionnelles et personnelles.
Parmi
les atouts identifiés :
- Le standard de professionnalisme
est international ;
- Les activités de recherche
supposent d’avancer sur des sujets incertains dans un contexte mouvant;
Or, ceci développe les capacités à prendre des risques, à accepter
l’échec, à rebondir et l’aptitude à développer une vision ;
- La pratique de la recherche pousse à trouver des solutions
nouvelles, d’un autre ordre notamment dans des situations complexes ;
- Les managers d’équipes de recherche
savent faire travailler des personnalités
mobilisées (exigeantes, convaincues, expertes du débat, …) et très
souvent non conventionnelles, voire originales (« capacité à gérer
des personnalités difficiles dans des environnements flous !»).
Parmi
les handicaps possibles identifiés :
- Une certaine difficulté à s’engager
sur des jalons, des délais, des budgets, à « rendre des
comptes » pour une matière par nature incertaine ;
- Une certaine assimilation
recherche-université et le risque de confondre :
o la reconnaissance du statut de docteur (reconnaissance de diplôme et de formation) ;
o la
reconnaissance de la valeur ajoutée apportée par un chercheur ou une équipe
(reconnaissance de contribution).
- La faible exposition de certains
chercheurs au management d’équipe, à l’ouverture pluridisciplinaire, ou
encore à des milieux professionnels autres que ceux de la recherche ;
- Une certaine fermeture au
management des équipes de recherche par des non–chercheurs, liée sans
doute à une certaine réticence des organisations françaises aux
changements de parcours.
Des
tendances d’évolution ont émergé des très riches échanges de cette matinée
:
- La Recherche est de plus en plus
visible, valorisée et nécessaire notamment pour la réussite des
entreprises opérant au niveau international ;
- Les
chercheurs qui évoluent vers
des responsabilités de management empruntent souvent des parcours
« risqués », avec des responsabilités de management à l’international,
pluridisciplinaire, transverse et notamment de management de grands
projets ;
- Ceux qui réussissent deviennent des
managers exceptionnels.
Ainsi,
certaines entreprises ou institutions pour lesquelles l’innovation est au cœur
de la stratégie en viennent à considérer qu’une expérience de recherche est une
vraie valeur ajoutée pour accéder à des parcours de management, notamment de
haut niveau.
Le groupe Trait d’Union